Un peu d'Histoire
Qu'est-ce un azulejo?
Un azulejo est un carreau ou un ensemble de carreaux de faïence décorés.
Le mot « azulejo » vient de l'Arabe al zulaydj , qui signifie « petite pierre polie » et non de la couleur bleue. Le mot « zellige », technique de revêtement utilisée en Afrique du Nord, a la même étymologie.
À la base, les azulejos sont polychromes. C'est sous un effet de mode qu'ils sont devenus majoritairement décorés de bleu.
Les origines
L’origine des azulejos remonte aux grands palais orientaux où l’on cherchait à imiter les mosaïques romaines. Ces pierres étaient difficiles à trouver et onéreuses. Elles furent remplacées par des petits morceaux de terre cuite émaillée assemblés les uns aux autres pour former de grands motifs géométriques. Au fil du temps, ceux-ci furent également substitués par des carreaux présentant en surface, des séparations, destinées à éviter le mélange des différentes couleurs, appliquées directement sur les plaques d’argile. L’importation de la technique de l’émail stannifère opaque apportée par les Maures lors de leur occupation, se développa dans toute la péninsule Ibérique. On produisait des carrelages de pavements aux formes géométriques disposés en répétition.
Les changements qui ont eu lieu dans le contexte européen, au cours du XV e siècle, ont été fondamentaux pour l’évolution de l’azulejo.
Photo : Palais Royal, Sintra
En parallèle
En Italie, en Toscane, on a développé la technique de la majolique ou faïence, plus particulièrement dans la ville de Faenza, qui lui a donné son nom. Les carreaux furent eux aussi recouverts de glaçure blanche opaque, à l’oxyde stannifère, sur laquelle on appliquait directement la décoration avec les oxydes métalliques. D'abord non figurative (interdiction de la figuration dans les préceptes de l'islam sunnite), la décoration des azulejos ne devint figurative qu'à partir de la fin du XVe siècle sous l'influence de la majolique italienne. Les premiers azulejos figuratifs ont été peints à Séville vers 1500 par Francesco Niculoso qui permit l’introduction dans cette ville du procédé de la majolique, brillamment adapté à l’azulejo. On peignait alors sur des carreaux de faïence comme sur un tableau.
Photo : Niculoso, Alcazar de Séville
L'apogée
Dans tous les pays européens, ce fut au Portugal que les carreaux de faïence émaillés, azulejos, ont connu le plus grand développement .
En 1755, un terrible tremblement de terre ravagea Lisbonne. À sa reconstruction, les azulejos refleurissaient de nouveau principalement peints en bleu et blanc inspirés des productions hollandaises qui imitaient la faïence chinoise très à la mode à cette époque en Europe.
Les artisans portugais firent de l’azulejo le moyen bon marché permettant de conférer à l’architecture une certaine richesse visuelle.
L’influence dominante de la bourgeoisie et la semi-industrialisation du 19ème siècle, la sensualité mondaine de l’Art Nouveau au début du 20ème siècle, la sévérité rationnelle et constructive de l’Art Déco après la première guerre mondiale, ainsi que le retour à la tradition historiciste et nationaliste furent d’autres manifestations fondamentales de la production d’azulejos, antérieure à 1940. Après que son utilisation ait connu un nouveau déclin, l’azulejo fit sa réapparition en s’adaptant aux besoins de l’architecture
moderne des années 50 et en se renouvelant dans l’esprit et les concepts.
Photo : œuvre de Maria Keil, Lisbonne